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Fribourg Jazz Orchestra / Finesse et contrastes éclatants

image © Romano Riedo
 
Le Fribourg Jazz Orchestra de Mathieu Kyriakidis a conquis La Spirale.

Vendredi soir, le Fribourg Jazz Orchestra (FJO) a pris ses quartiers à La Spirale: treize pupitres de cuivres, batterie, contrebasse, piano et soliste invité... la petite scène a vu grand! Et la fine équipe aura bravé cette inhabituelle exiguïté des lieux avec beaucoup d’adresse et de sensibilité. 

A la direction, Mathieu Kyriakidis entame la soirée avec une composition personnelle. Premier objectif: obtenir de ses musiciens un équilibre entre éclat et retenue. Alors que le son d’ensemble est d’emblée dynamique, le piano peine en- core à faire face à la brillance des cuivres. 
Mais les jeux ne sont pas faits. Dès le deuxième titre déjà, Stefan Aeby sera l’un des grands acteurs du concert, assumant parfaitement son rôle au sein de l’énergique section rythmique. En solo, il s’exprime avec autant d’imagination que le trompettiste invité Daniel Schenker, qui entre en scène dans «Nuées d’orage». 

Placés dos à dos dans cette cave exiguë, les deux jazzmen parviennent à bâtir une complicité aussi étonnante que féconde, signant notamment un «Blue in Green» merveilleusement limpide. Quant à Daniel Schenker, on admire son contact naturel et immédiat avec le big band, son phrasé constamment adapté aux couleurs harmoniques, les enchaînements d’idées subtils mais jamais décousus. 
Le choix des titres présentés au fil des deux sets fait lui aussi honneur aux trompettistes: la première partie se conclut sur la valse «Marilyn» de l’Américain Lew Soloff, revisitée sans mièvrerie. Et surtout, le FJO fait découvrir les compositions et arrangements du Flamand Bert Joris, qui reflètent particulièrement bien l’esprit de finesse qui prévaut ce soir. Ainsi, «Walkin’ Tiptoe» se tend et se détend tout en nuances, mettant en jeu d’éclatants contrastes. Au final, l’enthousiasme investi dans la direction, les solos et les applaudissements prouvera que la délicate opération a parfaitement réussi.


Benjamin Ilschner
La Liberté / 18 mai 2009

www.manusound.net